|
"Petit chaton deviendra grand.
Là j'ai plutôt l'impression de ressembler à un louveteau..." |
|
|
|
|
|
|
|
|
.
Hier soir, Ludwig et moi on devait sortir se balader tout les deux. Prendre des photos la nuit, on aime bien faire ça. On se fait un peu peur aussi, enfin... Je lui fais un peu peur !
Mais hier soir, il s'est mis à pleuvoir. Des trombes d'eau ! Ça n'arrêtait pas. Alors à la place, on s'est posé sur le rebord de la fenêtre, à l’abri. L'avantage du manoir de mon père c'est que dans chaque chambre, il y a une grande alcôve confortable, et les grandes vitres nous donne l'impression d'être dehors tout en restant au sec. On a regardé les éclairs, écouté la pluie labourer les toits, les carreaux et la cour de gravier blanc en contre bas.
.
.
Le lendemain on s'est quand même décidé à sortir. Il faisait presque froid. Cette température là en Octobre et on atteindra les -50°C en hiver c'est moi qui vous le dit ! Mais le froid, ça me dérange pas. Je le préfère au chaud, parce qu'on peu toujours se couvrir un peu plus pour lutter contre. C'est ce qu'on a fait et une fois emmitouflé, on est parti. Avec Lud', on traîne souvent la journée entière. Personne ne s'inquiète, on sait se débrouiller. On a tellement d'endroits à explorer, de bêtises à faire ! On dit que le monde est trop vaste mais pas pour nous.
.
.
Quand on est parti depuis des heures tout les deux, on rêve. En toute objectivité, si quelqu'un invente les Jeux Olympiques du rêve, en individuel ou en équipe, on gagne ça c'est clair. Quand j'y pense... j'ai une chance pas possible de l'avoir rencontré. Moi qui vie entouré de "grandes personnes" avec leurs problèmes, pouvoir parler de tout sans sentir ces regards désapprobateurs qui veulent dire "Tu verras chaton, un jour tu deviendras grand, et là tu comprendras."... Mine de rien, ça fait un bien fou. On se demande pourquoi nous, les "gamins", on fini par prendre peur et refuser de grandir, dans nos têtes, dans nos manières d'agir. Si vous croyez qu'on a envie de vous ressembler plus tard ! Vous vous fourrez le doigt dans l’œil jusqu'au coude.
.
.
Évidemment, on sait que ce n'est pas possible. Qu'un jour on nous fera ouvrir les yeux. On commence doucement, ça fait mal... un peu... Mais quand on est tout les deux, tant pis.
Sur le chemin du retour on s'est allongé dans l'herbe. Elle était encore mouillée par la pluie de la nuit et le soleil commençait à peine à se coucher, on avait encore le temps. J'ai gardé les yeux ouverts pour regarder le ciel. Dans ces moments, parfois, j'ai un frisson qui me prend et j'ai l'impression de tomber de cette masse bleue. Je l'ai dis à Ludwig, et ça l'a fait rire. Lui il a fermé les yeux pour éviter le soleil et on a recommencer à parler de tout et de rien. De ce qui nous entoure. Je lui raconte tout, ou presque.
" A quoi tu penses Lud' ? "
" A la soupe chaude qui nous attend, et au chocolat chaud qu'on va pouvoir savourer sur les gros fauteuils du salon du premier étage. "
" On regard un film d'horreur ce soir ? "
" Ah non ! T'as promis. "
J'ai ris. Moi non plus j'aime pas trop ça, mais faire semblant d'être grand, ça fait pas de mal non plus, des fois.
" On rentre ? "
" Ouais... J'ai faim ! "
.